mercredi 6 octobre 2021

Lutte contre la pauvreté : Quand des personnes handicapées s’organisent pour se prendre en charge

On ne choisit pas d’être handicapé. On le devient et on le subit. C’est qu’être handicapé n’est donc pas un choix. Situation peu enviable, la voie de l’autonomisation des personnes handicapées est parsemée de difficultés liées à l’accès à l’éducation et à l’emploi. Un calvaire qui les rend vulnérables. Livrés à eux-mêmes dans un système peu enclin à leur apporter toujours le secours malgré les dispositions existant, des handicapés s’organisent pour ne pas faire la manche. Abidjan, Biabou dans la commune d’Abobo. Une école informelle qui accueille les enfants handicapés attire l’attention des habitants de cette bourgade située sur l’axe Abidjan-Alépé. Lutte contre la pauvreté : Quand des personnes handicapées s’organisent pour se prendre en charge Des élèves du collège Isrod situé à proximité s’y rendent fréquemment par curiosité pour voir comment des enfants malentendants, non-voyants, handicapés moteurs et enfants atteints d’albinisme suivent les cours. Agglutinés autour du bâtiment qui fait office d’école, ils découvrent à leur grande surprise souvent que ces personnes sont aussi intelligentes dans l’apprentissage. A propos de l’accueil du Centre d’éducation communautaire et de l’alphabétisation inclusif (Cecalpha-Inclusif), le promoteur Gueya Demonse, un handicapé moteur donne des explications :
« Je pense qu’aujourd’hui les moqueries sur les personnes handicapées ont fait place à la curiosité de découvrir leur capacité d’apprendre et d’étudier. Il est de plus en plus courant de rencontrer en Côte d’Ivoire dans des familles où ces personnes ont réussi ». Cependant, il dénonce l’attitude de certains parents analphabètes qui hésitent à envoyer leurs enfants à l’école. Alors que d’autres ont surmonté les railleries dont ils sont victimes du fait de leurs enfants. A cela, il faut ajouter le manque de structures d’encadrement pour accueillir ses enfants. Toute chose qui constitue un frein à leur instruction d’une part et leur épanouissement d’autre part. Quand des parents découvrent que d’autres enfants handicapés poursuivent leur cursus scolaire, c’est avec étonnement. Et ils n’hésitent pas à emboiter le pas à tous ces parents qui ont décidé de faire valoir le droit à l’éducation de leurs enfants. « Quand un malentendant est dans la même classe qu’un non-voyants et qu’ils échangent, cela attire la curiosité des enfants (...) Il y a des élèves d’un collège à proximité du centre qui viennent voir comment un malentendant peut aller au tableau et répondre aux questions de l’instituteur avec le langage des signes. Ils sont également étonnés de voir un non-voyant qui à l’aide de braille travaille normalement comme eux », indique M. Demonsé. C’est avec fierté que Fabrice Gnamien, Agent Tic à Fraternité Matin constate que ses filles qui fréquentent ce centre inclusif ont la maitrise du langage des signes et arrivent à communiquer convenablement avec ces enfants handicapés sans aucune barrière. En décidant de créer ce centre, il s’est agi de permettre aux enfants handicapés de bénéficier du droit à l’éducation. Laquelle éducation pourrait leur ouvrir la voie de se prendre en charge dans la société et surtout réduire le taux de pauvreté dans ce milieu. Mieux, à l’en croire, il faut aussi créer les conditions d’appui aux initiatives valorisant toutes compétences au changement des regards vis-à-vis des personnes handicapées. L’on devrait s’employer, a insisté M. Demonsé, à faciliter et promouvoir l’accès de tous les enfants handicapés et vulnérables à l’école. Pour sortir les personnes handicapées de la paupérisation, il propose la mise en place par l’Etat ivoirien d’un fond d’appui à la formation de l’entrepreneuriat et à la création de micro-projets en faveur des personnes handicapées. En Côte d’Ivoire, le Recensement général de la population et de l’habitat (Rgph) de 2014, révèle l’existence d’environ 620639 personnes handicapées, soit 2,74% de la population nationale. Contre une moyenne mondiale qui est de 15%. Quant à la population de personnes handicapées de nationalités étrangères vivant en Côte d’Ivoire elle est estimée à un taux de 19,28% contre 80,72% de nationaux ivoiriens. Face à ces chiffres, Raphaël Dogo président de la Fédération des associations des personnes handicapées de Côte d'Ivoire (Fahci), soutient qu’on peut estimer selon toute vraisemblance la population handicapée en Côte d’Ivoire à près de 3 millions de personnes. Bien sûr fera-t-il remarquer en tenant compte du taux de handicaps invisibles estimé à 80%. Il s’agit de tous les types de handicap confondus, sur une population nationale de 22,65 millions d’habitants. Et ce, « en nous basant sur le dernier rapport de la Banque Mondiale et de l’OMS de 2011 qui établit un taux moyen de 15% de personnes handicapées dans le monde », a soutenu l’Expert en Handicap et Inadaptation. Concernant l’emploi des personnes handicapées, l’expert a indiqué que l’on constate un taux d’activité plus faible sur le plan mondial. Il a rappelé les chiffres de l’Organisation internationale du travail (Oit) qui révèlent que quelque 386 millions de personnes dans le monde en âge de travailler sont handicapées. En Côte d’Ivoire, le nombre des personnes handicapées est également en nette augmentation même si l’on ne dispose pas de chiffre exact. 20 % des personnes les plus pauvres du monde ont une sorte de handicap, relève une étude de la Banque mondiale. Selon l’Unesco, 90 % des enfants avec un handicap dans les pays en développement ne vont pas à l’école. « Au niveau de l’accessibilité du genre et de l’éducation, il faut noter que l’accès à l’éducation est difficile pour les personnes handicapées. 98% des enfants handicapés n’ont pas accès à l’éducation. Seulement 49% des personnes handicapées diplômées sont insérées dans le monde de l’emploi. Sur la question de l’accessibilité aux bâtiments publiques (...) il n’y a aucun aménagement pour faciliter l’accès aux transports publiques et mieux organiser les lieux de détente et de loisir. Au niveau du genre, on remarque qu’il y a plus d’hommes handicapés que de femmes. Aussi, nous avons constaté que l’accès à l’information publique en Côte d’Ivoire est très restreint pour les personnes en situation de handicap », a déclaré Dogo Raphaël, rapporté par ivoirehandicaptv.net. Koné Victorien, directeur de la promotion des personnes handicapées ne dit pas le contraire. Malgré les efforts de l’Etat à rendre sa dignité à la personne handicapée, ces derniers sont toujours confrontés à l'accès difficile au transport à la formation et à l'emploi. C’est dans cette situation, que des personnes handicapées s’emploient à faire sortir dignement leur communauté de la mendicité. D’où cet appel de Guéya Demonsé : « Que les personnes handicapées prennent conscience et se mettent ensemble pour protéger les plus faibles. Une personne handicapée mal formée voit doublement son handicap s’accentuer ». Pour lui donc en plus de la formation, en créant des fermes d’élevage et un cybercafé pour les mettre à la disposition des personnes handicapées, cela constituerait un grand soulagement pour les sortir de la pauvreté. Salif D. CHEICKNA

dimanche 8 janvier 2017

Mutinerie dans l’armée ivoirienne : Joël N’Guessan dénonce une « défaillance dans la chaîne de commandement et de décision »

L’ex-ministre des Droits de l’Homme, Joël N’Guessan estime que dans la grogne de militaires qui mis en ébullition toutes les régions militaires du pays le vendredi 07 janvier 2017 et décanté par le Chef de l’Etat, « certaines personnes n’ont pas joué leurs et/ou n’ont pas suffisamment pris leurs responsabilités ». Ci-dessous l’intégralité de la déclaration du secrétaire Général Adjoint, chargé de la Communication et Porte-Parole du Rassemblement des Républicains (Rdr). « Certaines personnes n'ont pas joué leurs rôles ».
« Des militaires ivoiriens, mécontents du non-paiement de leurs primes et de leurs conditions de travail se sont mutinés. Ce mouvement de mécontentement a gagné plusieurs villes de notre pays : Bouaké, Daoukro, Daloa, Korhogo, Odienné, Man, et certaines casernes de la ville d'Abidjan. Même si l'on n'a pas déploré des pertes en vies humaines et des dégâts matériels, cette mutinerie a causé d'énormes désagréments aux populations et aux activités économiques. Les déplacements de personnes et de marchandises par transport urbain et inter urbain ont été perturbés. Des opérateurs économiques ont certainement perdu des marchés suite au blocage des différents corridors. Au-delà de ces désagréments, c'est la perception que le monde entier a de la stabilité en Côte d'Ivoire qui a pris un coup. En effet, au plan diplomatique, toutes les chancelleries doivent certainement s'interroger sur le niveau de stabilité de notre pays. Par ailleurs, au niveau des activités économiques, il est à craindre que des investisseurs étrangers ne trainent le pas dans leurs désirs d'investir en Côte d'Ivoire. Le Président de la République, Son Excellence Monsieur Alassane OUATTARA, Chef suprême des Armées, tout en condamnant cette mutinerie, a pris la décision de donner une suite favorable aux principales revendications des mutins. Sa décision a permis de ramener le calme dans les casernes. Le porte-parole des soldats mutins a, lors de son intervention sur la télévision nationale, réaffirmé l'attachement des militaires ivoiriens à la personne du Président Alassane OUATTARA et à son leadership. C'est ce qui a permis de trouver une issue heureuse à cette crise. En conséquence de ce qui précède, plusieurs interrogations nous viennent à l'esprit: Pourquoi les soldats sont obligés d'avoir recours au Chef suprême des Armées, le Président Alassane OUATTARA, pour trouver une solution à leurs problèmes de primes? N'ont-ils pas d'interlocuteurs directs capables de donner des réponses satisfaisantes à leurs préoccupations liées à leurs conditions de travail? « Défaillance dans la chaîne de commandement ! » Que vaut la chaîne de commandement au sein de notre Armée quand les soldats sont obligés de se mutiner pour trouver solution à leurs problèmes ? Qui a arrêté les niveaux de primes et défini les conditions de travail des soldats? Qui avait la responsabilité du paiement des primes et qui devait mettre en œuvre les conditions de travail des militaires? Pourquoi la bonne et juste information sur les questions de primes et de conditions de travail des militaires n'a pas été traitée à temps et on en est arrivé à ce que les soldats se soulèvent ? A-t-on fait le tour complet de toutes les revendications et problèmes des soldats ivoiriens pour tenter de trouver des solutions globales afin d'éviter la récidive des mutineries? A toutes ces interrogations et bien d'autres, il faut avoir le courage de le dire: il y a eu défaillance dans la chaîne de commandement et de décision. Certaines personnes n'ont pas joué leurs rôles et/ou n'ont pas suffisamment pris leurs responsabilités. Et de par leurs fautes, la stabilité et la paix sociale de notre pays ont été menacées ces derniers jours. Notre pays a traversé des périodes difficiles il y a quelques années. Nous ne souhaitons plus ces moments de crises et d'angoisses. Nous sommes sur le chemin du développement économique et social durable. C'est pourquoi, tout en condamnant la récente mutinerie des soldats, les responsabilités doivent être identifiées et situées, et les décisions qui s'imposent en pareilles situations soient prises. Il y va de l'intérêt des ivoiriens et de l'avenir de notre pays. » Le Ministre Joël N’GUESSAN Secrétaire Général Adjoint, chargé de la Communication et Porte-Parole du RDR

mardi 3 janvier 2017

Côte d’Ivoire : Le réveil de l’Éléphant, creuset de l’intégration sous-régionale

Mai 1983. Bouaké deuxième ville de la Côte d'Ivoire. Dans cette agglomération cosmopolite se côtoient dans les quartiers au noms révélateurs (Sokoura, Dares-salam, Djanmourou, Kôkô, Belleville...) des populations ivoiriennes et de la sous-région ouest africaine. Élève au cours moyen 2ème (Cm2) année à cette époque, le jeune Salia Barry qui prépare activement son Certificat d'étude primaire élémentaire (Cepe) ne s'imaginait pas que le cours de l'histoire allait profondément modifier les relations entre les différentes communautés. Lui qui s'est senti toujours dans la peau d'un Ivoirien bon teint avec les autres enfants de son établissement de l’École primaire privée protestante de Sokoura. À l'école, il a appris l'Abidjanaise, se l'a approprié et n'a entendu parler d'autres hymnes nationaux à part l’Abidjanaise que la Marseillaise, l'hymne de la République française. "L’orchestre de la fraternité ivoirienne (Ofi)" À l'heure de l'élaboration des dossiers pour l'examen du Cepe et du concours d’entrée en 6ème, comme tous les autres impétrants, il remplit sa demande de candidature adressée à l'inspecteur de l'enseignement primaire, Monsieur Django. Nom célèbre à Bouaké. Ce monsieur, imposant par sa stature a marqué les élèves lors des inspections par ses questions pièges qui visaient à développer chez l'apprenant un esprit de raisonnement logique. "Quelle est la couleur du cheval blanc du maire Djibo Soungalo ?" Djibo Soungalo, c'est le nom du maire de Bouaké qui a marqué la ville de par sa longévité à la tête de la deuxième ville de la Côte d'Ivoire. À son actif, le carnaval de Bouaké marqué par l'élection miss, le défilé des forces vives, le bal masqué à la piscine municipale animé par l'Orchestre de la fraternité ivoirienne (Ofi). Et la fin des festivités avec Papa carnaval qui est brulé au stade municipal de la ville. L'on se rappelle encore de quelques chansons de l'Ofi qui demeure de grands classiques pour de nombreuses personnes de cette époque. "Bouaké ! Et sa piscine ! Ces belles rues bien éclairées !" sur des airs de rumba. Une époque nostalgique où des jeunes adolescents arpentent les rues de la ville pour suivre le parcours des chars des forces vives. Parfois, ils s'adonnent à des jeux d'adresse où avec des pierres, en toute naïveté ils s'en prenaient au trio gagnants, la miss et ses dauphines. Drapées aux couleurs nationales (Orange, blanc, vert), elles offraient un spectacle au public qui observait, sous des éclats de vivats et d’applaudissement, leurs maillots de bain à travers le mouvement papillonné de leurs capes. Cautoclo Sidonie, l’une des miss carnaval les plus célèbres (1988), élève au collège Charles De Gaule à l'époque s'en souvient sans nul doute. À l'annonce des résultats de l’examen du Cepe et du concours d'entrée en sixième, le jeune Barry qui a composé sous le numéro 1949 est admis à la fois au Cepe et à l'entrée en 6ème. Dans la constitution des dossiers, il faut souligner qu'outre la demande précitée, figurait l'extrait d'acte de naissance. Né à Abidjan sous le régime du droit de sol, le jeune collégien intègre le Collège d'enseignement général (Ceg) Martin Luther King de Bouaké avec de nombreux condisciples dont Ferdinand Kouassi dit Watchard Kedjebo, Guy Tressia et bien d’autres compagnons d’enfance. Boursier de l’État, il se souvient encore des 12000 FCFA perçues trimestriellement. Dans un parcours sans faute jusqu'en classe de 3ème, il obtiendra le Bepc et sera orienté au lycée moderne de Béoumi. Le document qui atteste que son détenteurs a acquis la nationalité ivoirienne par déclaration conformement à l'article 2 de la loi N°2013-653 du 13 septembre 2013« Première carte nationale d’identité » Pour la constitution des dossiers pour le baccalauréat le jeune Barry informe son père qu’outre la carte scolaire, il est exigé la carte nationale d’identité dont l’octroie nécessitait le certificat de nationalité ivoirienne. Né sous le régime du droit de sol comme indiqué plus haut, le géniteur obtient le précieux sésame qui a permis à son fils de confectionner sa carte nationale d’identité - de couleur jaune - à la sous-préfecture de Béoumi. L’obtention de son baccalauréat coïncide avec les périodes, chaudes de la Côte d’Ivoire, résultantes de la conférence de la Baule, où le multipartisme et les conférences nationales souveraine se sont emparés de la plupart des pays africains au nom de la démocratie. A l’instar de nombreux jeunes ivoiriens et de la sous-région résidant en Côte d’Ivoire qui fuyant le goulot d’étranglement qu’était le baccalauréat probatoire institué en classe de première, Barry va se retrouver au Burkina Faso du fait du coût moins élevé des études. Emprunter cette voie lui paraissait la chose la plus normale. Bardé de son baccalauréat voici notre jeune élève, fils d’immigré de père et de mère, eux mêmes descendants d'immigrés en Côte d’Ivoire, qui après avoir déposé ses bagages chez d’autres jeunes ivoiriens, arrivé un peu plus tôt qui débarque à la scolarité l’université de Ouagadougou. Pour son inscription, il apprend qu’il devra débourser la somme de 25.000 FCFA, montant que devrait payer les non-nationaux pour accéder à l’Université de Ouagadougou. Avec cette première sortie du territoire ivoirien, il découvre avec stupéfaction cette restriction qui a cours dans l’espace de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao). Inscrit à l’ISN-CBG (institut des sciences naturelles et de chimie biologie et géologie), il prendra les cours jusqu’au premier partiel où il obtient le Dues1 (Diplôme universitaire d’études scientifique, première année). Cette période coïncide avec de nombreuses tentatives de coup d’État au Burkina Faso où un dimanche matin au réveil, les médias annoncent l’assassinat à la grenade devant les feux tricolores de l’hôtel indépendance, à Ouagadougou d’un de ses professeurs Clément Oumarou Ouédraogo en rupture de ban avec le Président Blaise Compaoré. Pris de peur et informé que les choses rentraient dans l’ordre sur le campus universitaire d’Abidjan, il va regagner le bercail. Par ailleurs, il est informé que les inscriptions ont démarré à Abidjan et qu’il a été orienté à la Faculté des sciences et technologies (Fast) dans le département des Maths-physiques. Quelques jours plus tard l’aventurier de Ouagadougou regagne les bords de la lagune ébrié et s’inscrit à l’université d’Abidjan. Il est boursier et obtient une chambre double à la cité universitaire de Mermoz. Parcours à la fois tumultueux que tranquille qui l’ont conduit après la licence en mathématiques à la faculté des sciences économie et de gestion pour enfin retrouver son chemin dans le domaine de la communication. « L’apatride ! » Entre temps, les choses ont nettement évolué en Côte d’Ivoire. Au moment où survient le coup d’État militaire de décembre 1999, Barry jouissait toujours de sa nationalité ivoirienne. Et patatras ! De 2000 en 2011, près d’une décennie environ, l’enfer va s’abattre sur cette catégorie d’Ivoiriens quelque fois qualifiés d’Ivoiriens de circonstance. Pour échapper à l’apatridie, il fallait pour eux user de subterfuges et attendre qu’une nouvelle ère sonne. Les accords de Linas Marcoussis (24 janvier 2003) qui résultent de la crise identitaire qui a enrhumé la Côte d’Ivoire avait préconisé de régler cette situation. « Le gouvernement de réconciliation nationale déposera, à titre exceptionnel dans un délai de six (6) mois un projet de loi de naturalisation visant à régler de façon simple et accessible des questions aujourd’hui bloquées et renvoyées au droit commun (notamment cas des anciens bénéficiaires des articles 17 à 23 de la loi 61-415 abrogés par la loi 72-852 et des personnes résidant en Côte d’Ivoire avant le 7 août 1960 et n’ayant pas exercé leur droit d’option dans les délais prescrits), et à compléter le texte existant par l’intégration de l’article 12 nouveau des hommes étrangers mariés à des ivoiriennes », avaient préconisé ces accords. « Les questions renvoyées au droit commun régler de façon simple » De balbutiements en balbutiements, toutes les tentatives pour y aboutir ont échoué. Que ce soit la loi numéro 2004-662 du 17 décembre 2004, portant dispositions spéciales en matière de naturalisation et les décisions n° 2005-04/PR du 15 juillet 2005 et n°2005-10/PR du 29 août 2005, après une médiation d’experts internationaux, les choses n'ont nullement évoluées. Les archives du ministère ivoirien de la justice dévoilent qu’aucune situation n’a été régularisée malgré les dispositions précitées. Il fallait attendre l’avènement d’un nouveau pouvoir à Abidjan et un nouveau texte de loi adopté en septembre 2013. La loi n°2013 du 13 septembre 2013, portant dispositions particulières en matière d'acquisition de la nationalité ivoirienne. Ce, pour « régler de façon simple et accessible des questions aujourd’hui bloquées et renvoyées au droit commun ». Désormais Barry jouit pleinement de la nationalité ou encore du lien juridique qui le lie à la Côte d’Ivoire et des droits y afférents tout comme ses progénitures. Terre d’immigration depuis la colonisation française, l’histoire de la Côte d’Ivoire est celle d’un Etat où l’expérimentation de l’intégration sous-régionale a connu des hauts et des bas. Pour en fin sonner le réveil de ce pays, locomotive de la sous-région où continuent de vivre dans la cohésion les communautés issues de la sous-région ouest africaine et du monde. CHEICKNA D. Salif salifou.dabou@fratmat.info

lundi 25 avril 2016

Décès de Papa Wemba : Mbote na yo, tata Mze !, ta légende te survivra !

Papa Wemba
Même si c’est à 9h10 que le corps médical  annonce, officiellement, à la Polyclinique Sainte-Anne Marie (Pisam) le décès de Papa Wemba, ce dimanche 24 avril, depuis sa brutale chute en pleine prestation, autour de 5h32, après trois titres exécutés, le sentiment que la star avait rendu l’âme sur scène a traversé esprits et la conscience collective à Abidjan de quelque 12 à 15 000 spectateurs réunis pour une grand’messe au Femua, à Anoumabo à Marcory,  dont il était le parrain de la 9e édition, et tête d’affiche devant clore la scène d’Abidjan avant de boucler la boucle, en soirée à Korhogo (630 kilomètres d’Abidjan au nord du pays). Hélas ! Le sort en a décidé autrement.

Surtout que, au sujet de la prémonition, quelques semaines auparavant, à l’aune des interviewes et autres messages sur sa  longévité  musicale, le «Mze», (Le sage en lingala), affirmait, un brin prémonitoire, qu’il mourrait sur scène. Une manière de dire qu’il n’envisageait pas de retraite, au dire de Marie-Laure Yaone, son manager, même si on peut en faire une extension pour donner force de vie au message que voulait faire passer «Vieux Bokul», un autre de ses surnoms.  Mais, déjà, à la lumière des réactions, hommages, témoignages, l’unanimité sur sa vie et son œuvre se résume autour du truisme «Grandeur et humilité». Et le chorus en lingala laisse tonner: «Mbote na yo, tata Mze !» (Traduisez du lingala,  «Salut papa, le grand Sage !»

Le film d’une mort subite ou prémonitoire ?

Sur le caractère prémonitoire de la disparition sur scène de Papa Wemba, qui ne se souvient du morceau-hommage qu’un de ses disciples de Brazzaville, Rapha Bounzeki, lui dédia avant sa mort en 2008 ? Justement intitulé «Mourir sur scène», ce titre avait, particulièrement ému la star planétaire, avouant notamment pour son fan qui n’avait connu aucune gloire en, tant que chanteur mais une reconnaissance de sapeur, qu’il comprend qu’il ne prendra jamais de retraite, quitte à mourir sur scène. Huit ans après, peut-on parler de prémonition ? Revenons en tout cas, sur le film d’un séjour et d’une journée où, pour reprendre un de ses tubes, «Le dernier coup de sifflet» a retenti sur les bords de la lagune Ebrié.

Après avoir offert une prestation enchantée, 48h auparavant, aux côtés de Nst Cophie’s et autres Kerry James, lors du show VIP à l’Espace Crystal, toujours dans le cadre du Femua, Papa Wemba devait, dans la matinée du samedi 23 avril, se rendre avec ses ouailles abidjanaises de la «Sapologie», mouvement  culturel et véritable socio-style autour de l’élégance vestimentaire, à Grand-Bassam. C’était pour y rendre hommage aux victimes de l’attentat terroriste qu’a subi la ville touristique et historique, le 13 mars dernier. Paradoxalement, c’est ce même 13 mars, que Papa Wemba avait regagné Kinshasa (Congo démocratique), après un séjour parisien où, en marge du lancement du présent Femua à l’Unesco, il avait été victime d’un malaise. Situation sanitaire qui avait affolé ses proches, d’autant plus que la rumeur avait évoqué une « malaria cérébrale». Que nenni ! Henri Noël Mbuta Vokia, son attaché de presse, avait, à l’époque démenti l’information arguant que ce n’était qu’un «petit malaise» et l’artiste se préparait pour le Femua d’Abidjan et qu’il passerait par Brazzaville (République du Congo). Où il avait séjourné du 8 au 12 mars à la faveur du grand pèlerinage des Sapologues.


C’est donc après avoir donné son onction, tôt le matin à l’hôtel Gestone où il était descendu à la Riviera Attoban dans la commune de Cocody, que les Sapologues ivoiriens membres éminents de la Sape (Société des ambianceurs et personnes élégantes), sous la houlette de Ekoumany, se rendent à Grand-Bassam, brandissant un giga-poster de leur «Pape»  pour rendre hommage à la ville-martyre. Avant de  sonner le rassemblement de toute la légion des Sapologues pour rallier l’antre du Femua.

A ce spectacle, Papa, le chef de la tribu «Molokai» est le dernier artiste, «Noblesse oblige», pour reprendre un slogan cher l’icône,  à monter sur scène.  Lancé sur la scène, après les prestations  des autres  artistes à l’affiche que sont   Mawndoé, Nguess Bon Sens, Charlotte Dipanda,  Kerry James et  John Kiffy, Papa Wemba  voit le public d’Anoumabo lui faire allégeance  dans une quasi-ferveur.  Mais au moment où les spectateurs sont emballés et conquis après trois titres très enlevés, l’irréparable se produit. Papa Wemba s’écroule sur la scène.

Musiciens et danseuses arrêtent de jouer et se regroupent autour de leur mentor.  Journalistes, organisateurs et autres agents de sécurité assis dans le back-stage  croient à un petit malaise. Mais au bout de quelques minutes, les évènements prennent une tournure inattendue,  l’artiste est secouru, les lumières s’éteignent sur   scène (mais aussi sur la vie de la star) et l’artiste est évacué vers le centre hospitalier susmentionné.

Entre 6h30 et 9h, l’attente est longue. Entre deux ou trois coups de fil, mails et fatigue, des informations nous sont données du monde entier. La Toile s’empare de la nouvelle, avant que le couperet ne soit donné à 9h15. Un point-presse est improvisé à par le staff du Femua pour annoncer la nouvelle.

Hommages et témoignages  en chœur !
Au niveau des réactions, l’on note celle qu’a bien voulu nous accorder, tôt dans la matinée par téléphone, puis par un courriel, le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur, Hamed Bakayoko. [Le ministre d’Etat, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Hamed Bakayoko, en dépit de son affliction, a tenu à saluer la mémoire de l’artiste et a informé officiellement SEM. Alassane Ouattara, le Chef de l’Etat.]

Transcription, in extenso: « Je voudrais, avant toute chose, m’incliner devant la dépouille d’un grand homme de culture, une fierté de l’Afrique contemporaine. Informé dès les premières lueurs du jour par A’salfo, commissaire général du Femua de la triste nouvelle, je n’ai pu m’empêcher d’avoir une pensée pieuse pour sa famille, ses amis et tout le peuple frère de la Ed Congo. J’en ai informé personnellement le Chef de l’Etat, SEM. Alassane Ouattara qui usera des voix officielles pour témoigner de la compassion du peuple ivoirien aux autorités et au peuple congolais.  Très affligé car connaissant, personnellement, ce  monument de la musique africaine et mondiale qui me faisait l’amitié et l’humilité de me compter parmi ses amis, j’adresse, tout aussi, mes sincères condoléances aux mélomanes de tous les continents et, particulièrement, ceux de la rumba congolaise dont il est de notoriété publique que je suis un féru. A tous les artistes, aux organisateurs du Femua, aux Ivoiriens aussi, j’adresse mes condoléances les plus attristées. Mais avant que des voix plus appropriées  ne le fassent, je puis, d’ores et déjà, affirmer qu’en tant que créateur, artiste talentueux, Papa Wemba demeure, par ses œuvres, immortel. Par  son humilité et sa rigueur dans la pratique de son art, son métier, un modèle éternel de valeurs.  Que le Très-Haut l’accueille dans ses parvis».

Dans la même veine, c’est un ministre de la Culture et de la Francophonie, Maurice Bandaman, qui,  visiblement, affligé, en compagnie du staff organisationnel du Femua, avec à sa tête le Commissaire général, A’Salfo, qui, toute la matinée, multiplient les rencontres, conciliabules, coups de fils.  Entre poursuivre le festival, notamment, par le dernier concert de Korhogo afin d’y rendre un hommage des plus mérités et comme au dire d’A’Salfo,  «il l’aurait souhaité», à Papa Wemba,  et suspendre le dernier acte du Femua,  le commissariat du Femua a hésité. Hésité longtemps, même, hier, toute la journée.  Se contentant, dans cette valse, de  ce communiqué  qu’il publia sur le site du Femua, en milieu d’après-midi: « C’est avec une profonde tristesse que le Commissariat général du Femua vous annonce le décès de l’artiste Congolais Papa Wemba, survenu suite à un malaise sur la scène du Festival des musiques urbaines d’Anoumabo dans la nuit du 23 au 24 avril 2016. Le Commissariat général présente ses condoléances à la famille et au monde de la culture. De plus amples informations vous seront communiquées très prochainement ».

Mais aux environs de midi, l’une des premières réactions venues de son Congo natal  qui inonde la blogosphère est l’intervention de Koffi Olomidé, autre star de la musique congolaise. Fort ému, il salue la mémoire de l’un de ses ex-mentors.  Comme lui, JB Mpiana, autre figure de proue de la rumba congolaise, annoncent leur arrivée imminente à Abidjan afin de rapatrier la dépouille de leur  idole. Le premier arguant qu’il a adressé ses condoléances et ce souhait à des autorités  ivoiriennes par téléphone  et en a fait de même aux autorités de Kinshasa.

Multipliant, au passage leurs interventions sur les plateaux de télévision en RD Congo.  Momo N’Diaye, showmaker ivoirien et ami personnel de Wemba, joint par téléphone  avant qu’il ne multiplie ses photos avec l’illustre disparu avec qui nous avions, du reste, une relation particulière confiait, déjà, à 10h:   «Tu as tenu à nous dire au revoir à Abidjan, ville lumière. Tu seras un Maître pour moi. Humilité et simplicité t'ont caractérisé. Ces valeurs humaines m'ont beaucoup impressionné. Nous resterons fidèles à tout cela. Vas Papa. Vas en paix. Anoumabo et la Côte d'Ivoire te souhaitent, un bon voyage. Nous ne pleurons pas. Nous prions. Amen...».

John Jay, animateur radio-vedette ivoirien, dans le même élan clame: « Mze, tu sais et je sais donc je ne vais pas pleurer, merci pour ton humilité, merci pour notre fraternité,  merci.  Formateur des idoles,  merci, merci, merci et encore merci et vas-y, pour ton dernier voyage auprès de notre Saint-Père !!!».

Karim Koné alias Don Kareem, promoteur de spectacles, est plus expansif: «Waouhhhh !! Le ciel nous est tombé sur la tête. Que faire?  Grande et grosse perte. Que doit- t'on dire ou faire? La grande faucheuse est passée par là... Dieu,  prends Papa Wemba à tes côtés parce que,  humble, il l'était et savait  écouter et prodiguer des conseils à tous ceux qui l'approchaient». Claudy Siar, homme de médias et producteur français, du reste voisin de chambre de Papa Wemba à l’hôtel, revenant sur les circonstances du drame et un tantinet poète,  confie: «Il a pris son envol vers les étoiles, comme les plus grands rois. Papa Wemba s'en est allé sur scène».

Sur les chaînes de télévision du monde entier, les réseaux sociaux, les témoignages fusent de partout. De JB Mpiana à Amobé  Mevegué, en passant par Koffi Olomidé, bien d’autres  personnes-ressources, amis, collaborateurs, fans, témoignent de la vie et l’œuvre d’un grand homme, d’un immortel. Mort à la tâche avec les siens, ses fans du monde entier qu’il a su conquérir au fil de près de 50 ans de carrière riche et pleine.


Retour sur une vie et une œuvre aux accents de la World-Music !
Du soukouss à la rumba, en passant par le funk et le jazz, Jules Shungu Wembadio Pene Kikumba s’est imposé depuis près d’un demi-siècle de carrière musicale, comme l’une des valeurs sûres de la world’ music. Oui, pas-à-pas, Papa Wemba est devenu une légende vivante.

Né le 14 juin 1949 à Lubefu dans le Kasaï-Oriental en République démocratique du Congo, il était, en effet, était le fondateur et ombre tutélaire du label Viva la Musica, qui recrutera et formera des stars de la musique congolaise et africaine telles que Koffi Olomidé, King Kester Emeneya. A 67 ans,  officiellement, même si bien de ses condisciples lui en donnent bien plus,  en dépit des hauts et bas dans la vie, Papa Wemba n’a jamais quitté le sommet du hit-parade. Et, il le prouve, à l’envi, dégageant un charisme à nul autre pareil quand du trémolo de sa voix nasillarde il entonne «Maria Valencia», «Somo Trop», «Muana Molokaï» ou encore «Dernier coup de sifflet»…

Mieux, quand il prend ses attributs de «Pape» de la Sape,  l’hymne chanté par ses ouailles est «Proclamation». Entre autres versets par eux psalmodiés, les grands noms de la haute-couture: Gianfranco Ferre, Kenzo, Kanzaï  Yamamoto, JM Weston… Dans cette frénésie où l’élégance vestimentaire se la dispute à la chorégraphie enjouée, la religion de la Sapologie prend tout son sens. Quoi de plus normal que ce néologisme soit tiré de l’album au nom ô combien révélateur de Papa: «Notre Père» !  L’un des artistes-musiciens africains les plus populaires depuis plusieurs années. Papa Wemba,  dès l'enfance, cultive une voix ténor particulière et devient chanteur en suivant les traces de sa mère, une pleureuse professionnelle. Au milieu des années 1960, il est élève à l'École Pigier à Kinshasa et fait de la chorale religieuse, en dehors de l'école. Puis, après la mort de ses parents, il s'oriente vers la musique populaire Kinoise dans son quartier Matonge, le berceau de la musique congolaise, sous le pseudonyme de Jules Presley.

Il fait, ensuite, au milieu des années 70, ses humanités chez le mythique groupe de soukouss Zaïko Langa Langa qui comptait des sommités comme Evoloko Joker, Mavuela, Efonge Gina, avant de créer son propre label, Viva la Musica, après plusieurs expériences et collaborations comme Isifi Lokole avec Evoloko et Bozi Boziana. Le Zaiko Langa-Langa va atteindre le summum de sa gloire en 1974 avec des tubes à succès comme "Mété La Vérité", "Chouchouna" (Papa Wemba), "Eluzam", "Mbeya Mbeya" (Evoloko), "Yo Nalinga, "BP Ya Munu" (Efonge Gina), "Zania" (Mavuela).


Viva la Musica, le berceau de Koffi Olomidé
Papa Wemba et Koffi Olomidé, les deux «frères», fers de lance de la rumba, souvent opposés par fan-clubs ou médias interposés mais toujours unis pour la gloire de la musique africaine. En février 1977, il crée son propre orchestre le Viva la musica, un label qui va l'accompagner durant toute la suite de sa carrière. Il forme son nouveau groupe autour de jeunes talents comme les chanteurs Kisangani Espérant, Pépé Bipoli, Jadot le Cambodgien et Petit Aziza, Emeneya, les guitaristes Rigo Star, Bongo Wendé, Syriana et Pinos, le batteur Otis. Pour un coup d'essai, c'est un coup de maître; le succès est foudroyant avec des tubes comme "Mère supérieure", Ebalé Mbongé "Mabele Mokonzi", "Bokulaka"", "Ekoti ya nzube. Les deux premières années de Viva la musica, sont celles de la collaboration de Papa Wemba avec Koffi Olomidé, alors étudiant. Celui-ci écrit les paroles de certaines chansons de son aîné et s'initie au chant et à la scène à ses côtés. Il enregistre également ces premières chansons sous le label Viva :"Princesse Ya Sinza", "Asso","Samba Samba", "Anibo".

Le chef de Molokaï comme Fela à Kalakuta…
Comme Fela qui avait fondé Kalakuta Republic, Papa Wemba créa en 1977 dans sa cour familiale de Matonge, à Kinshasa, le Village de Molokaï, une sorte de copie d'un village africain, avec ses règles et ses codes, dont il s'intronisa lui-même symboliquement chef coutumier. Mais, sa démarche n'était pas politiquement comparable à celle de Fela au Nigeria car il n'a jamais fait de l'activisme politique contre le régime autoritaire de Mobutu.

Une brève idylle avec Rochereau, son idole !
De 1979 à 1980, Papa Wemba intègre le groupe Afrisa International de Tabu Ley alias Rochereau, son idole de toujours. Il s'agit d'une collaboration temporaire souhaitée par les deux artistes. Il participe à une tournée européenne de l'Afrisa et enregistre deux chansons avec son mentor : "Ngambo moke" et "Lèvres roses".

L’Europe, l’affaire des visas, la prison, Dieu…
Vers la fin des années 1980, Papa Wemba s'installe en Europe, sort successivement les albums "L'Esclave", "Mfono Yami", "Le voyageur", "Foridoles", "Malimba", et arpente avec succès les échelons de la World music. Au milieu des années 1990, il fait la connaissance de l'homme qui va donner un second souffle à sa carrière: Peter Gabriel. L'album " Emotion " le consacre comme une des grandes figures de la world music.

Encore plus mystique après son passage en prison en 2003 où dit-il, «Dieu lui serait apparu», il retrouve la scène le 25 octobre 2003 au Zénith de Paris avec l'orchestre Viva Tendance. En 2003, en effet, Papa Wemba est suspecté d'être au cœur d'une affaire de trafic de visas et d'aide à l'immigration clandestine, à travers ses tournées musicales entre son pays, la République démocratique du Congo, la France et la Belgique.

Le 17 février 2003, il est interpellé à Paris et maintenu en détention pendant trois mois et demi. Le 16 novembre 2004, le tribunal correctionnel de Bobigny (France) le condamnera à trente mois de prison, dont quatre fermes déjà purgés en 2003, et 10 000 euros d’amende pour « aide au séjour irrégulier de clandestins sous couvert de ses activités musicales ».


Ça, c’est du cinéma !
Au titre de la vie hors scène musicale et dans les bacs, de Papa, l’on note qu’en en 1987, il est l'acteur principal du film belgo-zaïrois La vie est belle de Ngangura Dieudonné Mweze et Benoît Lamy. Il compose une bonne partie de la musique originale de ce film. Il apparaît également en 1997 dans Combat de fauves de Benoît Lamy. Les acteurs principaux du film sont Ute Lemper et Richard Bohringer. Même si dans le cinéma, il fait ses premières apparitions dans Black Mic-Mac, aux côtés d’Isaac de Bankholé avec à ses côtés d’autres chantres de la Sape, tels que Jo Ballard, Dr Limane…

REMI COULIBALY
in Fratmat.info

mercredi 7 janvier 2015

Bruno Koné répond à Michel Kafando : ‘‘ Aucun danger ne viendra de la Côte d’Ivoire’’

Le ministre Bruno Koné, le porte-parole du gouvernement ivoirien
Bruno Koné répond à Michel Kafando : ‘‘ Aucun danger ne viendra de la Côte d’Ivoire’’

Le Président de la transition du Burkina Faso,Michel Kafando, a exprimé, le mardi 6 janvier, ses inquiétudes quant à une déstabilisation de son pays qui viendrait soit de la diaspora burkinabé en Côte d’Ivoire soit de la Côte d’Ivoire elle-même.

Répondant à une question sur cette affaire à la fin du conseil des ministres de ce mercredi 7 janvier, le porte-parole du gouvernement  Bruno Koné s’est voulu rassurant.

« Aucun danger ne viendra de la Cote d’Ivoire. Notre pays fera tout pour garder les relations excellentes qu’il a eues avec le Burkina Faso. Je ne pense pas que cela change, car rien ne permet de le penser et le Président actuel du Burkina Faso n’a pas à s’inquiéter »,a rassuré Bruno Koné. Avant d'ajouter que la Côte d’Ivoire ne se mêle pas de la politique intérieur ou des décisions qui sont prises par des pays amis et frères tels que le Burkina Faso.

S’agissant de la participation des Burkinabè de l’étranger aux  élections de novembre 2015, le porte-parole du gouvernement a indiqué ne pas avoir de commentaires à faire car « il leur appartient de décider de ce qui est bon pour leur pays.  Ce que nous pouvons assurer, est que la Côte d’Ivoire fera tout son possible pour maintenir ses relations avec le Burkina. »

Il a, par ailleurs, rassuré ce dernier sur le fait que la présence de Blaise Compaoré comme celle d’autres présidents déchus ayant vécu en Côte d’Ivoire, ne doit pas être une source de discorde.

« Nous sommes un pays d’accueil et d’hospitalité. Étant un pays ami avec le Burkina Faso, nous avons reçu M. Compaoré et il n’y a aucune raison qu’il ait des craintes quant à son séjour en Côte d’Ivoire. » Blaise Compaoré étant un ami de la Côte d’Ivoire, a-t-il ajouté, « il fera en sorte de privilégier les rapports entre nos deux pays. »       

Ouakaltio Ouattara

Élections 2015 au Burkina: La participation des Burkinabé vivant en Côte d'Ivoire compromise !



Le président Michel Kafando
Élections 2015 au Burkina: La participation des Burkinabé vivant en Côte d'Ivoire compromise !
A 11 mois de la fin de la transition au Burkina Faso, le président Michel Kafando confirme l’organisation des élections en novembre 2015. Cependant la participation des Burkinabé de l’étranger à ces joutes électorales donne des tournis aux autorités de la transition si l’on s’en tient à la sortie du mardi 06 janvier 2014, du Président du Faso, Michel Kafando.
« Le problème qui perturbe, c’est le vote de nos ressortissants en Côte d’Ivoire qui risque d’être assez difficile. C’est la plus forte communauté que nous ayons à l’étranger », a affirmé le mardi 06 janvier M. Kafando au moment où il recevait les représentants des différentes couches sociales et politiques du Burkina.
L’homme qui est arrivé au pouvoir à la suite de l’insurrection populaire qui a éjecté Blaise Compaoré a émis des réserves quant à la participation de ses compatriotes de Côte d’Ivoire à cette élection. « Nous avons peur aussi que le danger ne vienne de là-bas. C’est-à-dire qu’il ne faudrait pas que nos propres élections soient perturbées ici au Burkina parce qu’à l’autre côté, on aurait sciemment manigancé quelque chose. C’est un problème que nous sommes en train d’étudier avec la Ceni », a-t-il souligné.
Très méfiant de la Côte d’Ivoire, où réside en ce moment Blaise Compaoré, le président de la transition Michel Kafando a soutenu : « c’est le pays où forcément nous n’avons pas beaucoup d’amis. Certaines opérations auraient dû être faites mais ne l’ont pas été notamment les cartes consulaires dont on aurait confié la confection à un Ivoirien ».
CHEICKNA D. Salif

mercredi 5 mars 2014

Recours aux sources : Que reste-t-il du Vohou-vohou 28 ans après ?


Youssouf Bath, un tenant du Vohou-vohou

Une exposition « historique ». « Cette collection fait partie de l’histoire de la Côte d’Ivoire. » Yaya Savané, conservateur de musée et ancien directeur du musée des civilisations de Côte d’Ivoire, ne croyait pas si bien dire à la vue des œuvres d’artistes ivoiriens qu’il a sélectionné au musée national du Mali, à Bamako, dans le cadre de l’exposition « Esprit vohou-vohou, es-tu là ? »
Pour lui, il faut que l’histoire de la Côte d’Ivoire soit construite et lue également à travers les œuvres d’art majeures des artistes qui ont porté le mouvement Vohou-vohou.
A travers cette exposition, il s’agit de reconstituer, par ailleurs, l’histoire de l’art moderne et contemporain de la Côte d’Ivoire. Sinon, comment peut-on parler de l’art contemporain ou écrire sur l’art en Côte d’Ivoire sans pouvoir pour autant reconstituer son histoire ? C’est à cette problématique que la Rotonde des arts tente de répondre à travers « Esprit Vohou-vohou, es-tu là ? »

Des œuvres d’artistes ivoiriens patrimoines du Mali
C’est d’ailleurs ce qui explique la présentation au grand public de la collection Yankel, des œuvres produites par 14 plasticiens ivoiriens alors étudiants à l’atelier Yankel à Paris. Ces œuvres remises par Jacques Yankel à l’association pour le développement des échanges interculturels ont fait partie de la collection du Musée des arts d’Afrique et d’Océanie. Avant d’atterrir par la suite au musée national du Mali. Ces œuvres, bien qu’appartenant à des artistes ivoiriens font désormais partie du patrimoine national malien.
C’est donc ce pan de l’histoire artistique de la Côte d’Ivoire, mieux cette partie de la mémoire de l’Eburnie qui a fait l’objet de curiosité des amateurs d’arts et du grand public à travers l’exposition qui a ouvert ces portes le 28 novembre 2014, à la Rotonde des arts d’Abidjan-Plateau. Et qui a pris fin le 28 février dernier. La vingtaine d’œuvres regagnera par la suite le musée national du Mali. Mais avant, cette exposition revisite les créations des étudiants qui deviendront plus tard les tenants du Vohou-vohou.
Dès que le visiteur franchi l’entrée de la rotonde des arts, il est accueilli par des pièces majeures du négro-caribéen Gensin et de Christian Lattier, l’arbre tutélaire de l’art contemporain en Côte d’Ivoire.

Le vohou-vohou ou le rejet de l’académisme
Par ailleurs, une visite des 25 œuvres sur les cimaises de la Rotonde des arts permet de mieux comprendre cette tendance artistique qu’est le vohou-vohou, sa genèse, ses éléments distinctifs et la philosophe qu’elle véhicule.
Tributaire de concepts occidentaux dans les années 70, les étudiants de l’école nationale des beaux-arts d’Abidjan se voyaient en marge de leur société. Dans leur grammaire picturale, ils rejettent la culture occidentale. Cependant leurs œuvres gardent la structure sur châssis de la peinture de chevalet. Ainsi, la toile de lin fait place au tapa (écorce de bois battue), ou à la toile de jute.
Dans les œuvres, des matériaux comme les cauris, le sable, le raphia sont intégrés dans les collages. Des décoctions de plantes remplacent chez les plus réfractaires comme Youssouf Bath les colorants acrylique et à huile.
Également, les sujets traités, bien que réalisés à partir de compositions d’ateliers cèdent la place à une imagerie surréelle. Toute chose qui a fait dire, dans la controverse, aux détracteurs  que le vohou constitue un refuge pour tous ceux qui ne maitrisent pas la technique du dessin.
« C’est ma culture qui me permet de voir et d’analyser… Une toile a une âme. C’est ce qui me pousse à aller vers les matériaux traditionnels qui font la jonction entre le monde matériel et immatériel. Cela nous rapproche de notre culture ancestrale », explique Koudougon Théodore.
La démarche du Vohou-vohou avec en son centre la matière a été formalisée en 1985-86 à travers une exposition à l’ex- centre culturel français aujourd’hui l’Institut français. Oliko Deignant dit Oliko la matière, Dosso Sékou, N’Guessan Kra, Yacouba Touré, Koudougnon Théodore et bien d’autres sous le vocable de vohou ont eu le mérite d’engager une réflexion dans le champ artistique ivoirien. Cette révolution a engendré ce qu’on pourrait appeler aujourd’hui, l’école d’Abidjan.
« Jusqu’en 1972, il y avait pénurie de matériel et l’école n’était plus capable d’en fournir aux étudiants. Ceux qui n’arrivaient donc pas à acheter leur matériel avaient recours aux objets de récupération. Nous étions encouragés en cela par le professeur Serges Hélénon, un martiniquais de l’école Négro-caribéen (…) En outre le contenu des cours était exclusivement académique où l’histoire de l’art qui était enseignés ne faisait jamais référence à l’art africain », souligne Youssouf Bath.
Toutes ces remarques, dira-t-il, ont suscité une prise de conscience chez ces étudiants. « D’où notre refus de la peinture occidentale ou académique pour recourir aux matériaux locaux », avoue-t-il.

L’esprit vohou-vohou inonde le champ artistique ivoirien
Le mouvement Vohou-vohou a incontestablement marqué l’histoire de l’art en Côte d’Ivoire et continue d’influencer la nouvelle génération d’artistes plasticiens. A la vérité cette école a fait des émules et sert aujourd’hui de prétexte de création pour bon nombre d’entre eux. Débuté dans les années 70 et formalisé dans les années 1980 à travers une exposition publique et un manifeste, les premières productions des artistes vohou attendent de  regagner définitivement la Côte d’Ivoire. Hélas ! Le pays ne dispose pas encore d’espace dédié pour accueillir l’histoire écrite à travers cette affirmation de soi des étudiants de l’école nationale des Beaux-arts d’Abidjan. C’est à juste titre que l’ensemble des artistes qui exposait  se sont réjouis de la présence de leurs créations à Bamako.
Le Vohou-vohou doit sa création au dynamisme des étudiants d’alors dont les plus célèbres demeurent les plasticiens Youssouf Bath, Koudougon Théodore, N’Guessan Kra... , sous la houlette du Pr Serges Hélénon. Ainsi que la jeune génération conduite par la peintre ivoirienne la plus présente sur les cimaises, Mathilde Moro également appelée la prêtresse Vohou.

La philosophie du Vohou-vohou
Au-delà de l’effet esthétique recherché, Youssouf Bath souligne que certains artistes du Vohou cherchent à conjurer le mal, à exorciser le démon de la culture occidentale. D’où le recours et non le retour aux sources, précise-t-il. Le vohou-vohou peut être ainsi perçu comme l’expression de l’identité culturelle ivoirienne en termes d’esthétique. Avec plus de liberté dans la création et d’improvisation. La source du Vohou, on le voit ici est philosophique. Bien que les tableaux apparaissent hermétiques, le vohou est un art proche de l’éveil.
Cependant, selon le Professeur Yacouba Konaté dans « Christian Lattier, le sculpteur aux mains nues, édition SEPIA, Sain-Maur, 1993, P.118 »,  « le retour de l’art africain vers sa renaissance consiste à saisir ce destin occidental de l’art nègre comme un point de repère et un point d’achèvement. »

L’origine de l’expression vohou-vohou
Terme gouro (une ethnie du centre-ouest de la Côte d’Ivoire), il a été employé pour la première fois par un étudiant en architecture, Bony Guemian Jean, originaire de cette région.  Ce terme signifie, à l’en croire, « n’importe quoi ».
Asta ZézétagouAza surnommée la grande royale, ancienne de l’atelier Yankel à Paris s’en souvient comme si s’était hier. Guemian comparait ainsi la manière de travailler de ces étudiants sur toile, à la pratique des guérisseurs traditionnels qui appliquaient sur le corps de leurs patients des mélanges d’éléments divers, composés de plantes, de feuilles et d’écorces d’arbres.  Pour lui, les artistes du vohou en faisaient de même en appliquant sur leurs toiles des éléments divers.
Les premières œuvres du vohou se dégagent toutes, de la situation de subordination vis-à-vis de la nature. Ce qui fait dire que les créations qui tirent leur essence de cette école ont atteint un haut niveau. Et cela pour rejoindre Philippe Sers, philosophe de l’art qui soutient : « une œuvre d’art est bonne lorsqu’elle est apte à provoquer des vibrations de l’âme, puisque l’art est le langage de l’âme et que c’est le seul.»
Par ailleurs, il ne faut pas l’oublier, le vohou a pu prendre forme, selon le critique d’art Mimi Errol grâce au regard complice d’une génération d’enseignants : Christian Lattier, Dogo Yao, l’Antillais Hellénon, Jacques Yankel, Clauzel… A cette liste, il faut ajouter des partenaires institutionnels et organisateurs d’exposition comme Georges Courrèges (ancien directeur du Centre culturel français), Marie José Hourantier et le Bin Kadi So.

CHEICKNA D. Salif
In Fratmat.info