A l’entrée principale du Musée de Manéga se dressent des colonnes d’art
de 3 à 18 mètres, les tombes des Rois, des statues équestres et la tombe de
Naba Zida (fin du XIIè siècle). Cette tombe, apprend-on, est reconstruite
tous les ans non avec de l’eau mais du Dolo (bière de mil). En ce mois
d’août, le temps est clément et le climat doux. C’est la saison pluvieuse au
Burkina-Faso, par ailleurs, la route est praticable jusqu’à la commune rurale
de Manéga, située à 50 kilomètres de Ouagadougou.
Ouvert au public depuis 1990, ce musée est bâti sur une superficie de 4
hectares et compte au nombre de sa soixantaine de salles, un pavillon de la
mort et une salle réservée au Professeur Bernard Zadi Zaourou. Il était
heureux de constater que dans la broussaille sahélienne, loin des
vrombissements de moteurs et autres, et de la lagune ébrié, la mémoire de
Zadi Zaourou soit aussi vivace dans ce sanctuaire culturel. Me Frédéric
Pacéré Titinga, avocat, écrivain, homme de culture et des coutumes fondateur
de ce musée qu’il veut au service de la compréhension entre les
civilisations, contre le pillage des biens culturels, l’ethnocide et les
génocides de cultures, tenait à honorer ainsi le maître du Djidiga.
Le pavillon de la mort est le pavillon le plus sacré du musée de Manéga.
Pour y accéder, le visiteur devra se soumettre à un rituel. Ceux qui, par
croyance ou d’autres convenances ne peuvent pas le faire simplement doivent
s’abstenir. Le conservateur de musée, Paul Sawadogo, notre guide du jour,
nous apprends que pour rentrer dans ce pavillon, nous devrions nous
déchausser, nous décoiffer et entrer à reculons. On y sort également à
reculons. Selon lui, c’est une prescription de l’au-delà du rites des morts.
Nous voici donc dans ce pavillon, sanctuaire qui fait vivre les morts, les
vivants et ceux à naître par son enseignement.
En effet, ce pavillon est dominé par des scènes de rites funéraires où
l’accent est mis sur le langage parlé, le langage tambouriné et le langage
gestuel. Pendant les funérailles consacrés aux morts, nous apprenons que les
masques ne dansent pas. Mais disent plutôt un discours compris par les seuls
initiés. Ces enseignements dissipèrent la peur en nous pour nous convaincre
qu’en « Afrique, l’homme ne meurt jamais ; il change seulement de nature, il
change seulement de contrée ».
Les prises de vue sont interdites dans les salles, mais possibles hors
des salles au préalable avec l’accord exclusif du fondateur. Ce musée
également appelé musée de la Bendrologie ou musée de la termitière dispose
d’un fond culturel d’environ 10 000 objets. Parmi lesquels, près de 500
masques ayant participé à des rituels devant des morts, des dizaines de tenue
de guerre, des Ya-kouga ou pierres tombales datant de plusieurs millénaires.
L’on y découvre, par ailleurs, les empires culturels d’exposition et
d’expressions des objets de vie et rites des Dogon, Peulh, Bobo, Mossé,
Sénoufo et Nuni. Ainsi que la réplique authentique de l’habitat de ces
peuples.
CHEICKNA D. Salif
(Envoyé spécial à Manéga, Ziniaré au Burkina-Faso)
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splendide Musée
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