vendredi 5 octobre 2012

Assassinat du colonel-major Dosso Adama: Palabres entre deux prévenus, hier à la barre Le sergent Lago Léo : « Je suis désolé, dites la vérité au tribunal » Le Cdt Kipré Yagba : « Lago a tué de sang froid et il ment sur moi »


Le colonel-major Dosso, assassiné par les hommes de Dogo Blé

 Certainement qu’ils se seraient échangés des coups de poing, s’ils n’avaient pas été devant un tribunal de qui dépend leur sort ! Avaient-ils déjà donné le ton, quand ils prirent place dans le box des accusés juste après 10 h, sans s’adresser la parole ni se regarder dans les yeux ?

Le sergent Lago Léo et le commandant Kipré Yagba, accusés d’assassinat et de complicité d’assassinat du colonel-major Dosso Adama, ont eu une chaude confrontation faite de versions contradictoires sur les circonstances de ce crime. Le jeudi 4 octobre 2012, dans la grande salle d’audience de la Cour d’appel d’Abidjan où siège, pour la circonstance, le tribunal militaire, les deux hommes ont palabré…comme le feraient deux rivales dans une cour commune.
Versions contradictoires 
A la barre, le Sergent Lago dit avoir été appelé, le soir du meurtre, par l’officier adjoint de la garde républicaine, Kipré Yagba et lui a tenu ce langage : « Le commandant Kipré m’a appelé à son bureau et m’a dit que sur ordre du général Dogbo Blé, nous devons nous rendre au blocus du Golf pour chercher le colonel major Dosso et l’éliminer et revenir leur rendre compte, lui et le général Dogbo Blé ». Du banc des accusés, le commandant Yagba, d’un geste de la tête, réfute les propos du soldat. Lorsqu’il se présente devant le président du tribunal, l’officier  fait comprendre à la Cour qu'il n’a reçu ni transmis d’ordre à qui que ce soit de la part du commandant de la garde républicaine. « Le sergent Lago est entré dans  mon bureau, sans que je ne l’ai appelé. Il m’a demandé s’il y avait une mission au blocus du Golf. Je lui ai répondu que je n’en savais rien et qu’il pouvait se renseigner auprès du sergent Yapi Yavo (en fuite : Ndlr) car je l’ai entendu parler de cela. » Le parquet libère une question : « Mais commandant, vous ne n’avez pas cherché à savoir de quelle mission il s’agit ? ». Kipré Yagba répond : « Le général Dogbo ne m’a pas parlé d’une telle mission, donc je ne m’en mêle pas. Si c’était quelque chose de sérieux, il m’aurait dit cela. Ce jour-là, je suis resté tard au bureau et j’y ai passé la nuit. Je n’ai pas eu de contact physique avec le général ». Ces propos sont loin de convaincre le ministère public qui sort alors la déposition faite par le commandant Yagba, lors de l’enquête préliminaire et en donne lecture. Il ressort que, interrogé par le juge d’instruction, l’officier adjoint a déclaré avoir appris qu’il était question d’aller chercher le colonel-major Dosso et le conduire à la brigade de recherche. « Je l’ai dit,  mais pas de cette façon », se défend Yagba.
Un air de déception
« Mais vous avez signé la déposition ! », lui fait remarquer le juge Kanga, président du tribunal. Me Martial Gahoua sent son client en difficulté. Il sollicite une pause. Le parquet n’y voit pas d’inconvénient et la réponse de la Cour est favorable… Une dizaine de minutes après, le commandant Yagba explique au tribunal qu’il reconnaît la déclaration qu’il a faite devant le juge instructeur mais laisse cependant entendre qu’il n’a pas participé à l’exécution du crime et n’a pas reçu d’ordre du général Dogbo Blé, tout comme il n’a pas donné d’ordre au sergent Lago « contrairement à ce qu’il dit ». La Cour demande une fois de plus à entendre le sergent Lago Léo. Celui-ci se déchaîne : « Dites la vérité. Il faut qu’elle soit sue et que le mensonge soit hors de ce tribunal. Le commandant tourne la Cour en ridicule. Je suis désolé. Je confirme qu’il m’a appelé et m’a laissé entendre que c’est sur l’ordre du général que nous devrions aller chercher le colonel-major Dosso pour l’exécuter. Et quand nous sommes revenus, nous leur avons rendu compte ». Le tribunal accorde après ces propos, un droit de réponse au commandant Yagba qui dit tombé des nues devant « le mensonge » du soldat Lago. « C’est de la manipulation contre ma personne. Lago sert le mensonge au tribunal. Je ne comprends pas pourquoi, il veut forcément m’impliquer dans cette affaire. Monsieur le président, je n’ai rien fais. Je suis diplômé de l’état-major. Je suis conscient de ma responsabilité et je ne peux pas ordonné qu’on tue quelqu’un. Lago a tué le colonel Dosso de sang froid et il ment sur moi de sang froid », se vide-t-il. Le parquet relance le débat et interroge l’officier adjoint : « Le sergent Lago avait-il des raisons de vous en vouloir ? Pourquoi c’est vous qu’il cite et pas quelqu’un d’autre ? ». Les mains à la hanche, Yagba répond l’air déçu : « je me pose encore la question, jusqu’aujourd’hui ». Le juge Kanga Pennon Mathurin suspend la séance. « Elle sera reprise le lundi ( 8 octobre 2012 : Ndlr) à 10h », annonce-t-il. Le général Dogbo Blé, qui s’attendait sans doute à être appelé à la barre, afficha un air de déception.
Alain BOUABRE          

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